Désobeïr

performance de Bastien Pelenc
conçue par Perrine Maurin

EXTRAIT DE TEXTE
Je m’appelle Guislaine, c’est mon prénom, j’ai 50 ans et je suis fonctionnaire publique territoriale. Je travaille dans une direction qui gère les écoles. J’ai commencé à désobéir, ou en tout cas à ne pas faire, ou à omettre de faire, à l’époque où je travaillais dans un service social, quand on m’a demandé de réclamer aux personnes à qui on remettait des bons alimentaires leur ticket de caisse pour regarder s’ils ne faisaient pas des achats trop onéreux sur tel ou tel produit alimentaire… pour voir s’il n’y avait pas de l’alcool ou des choses auxquelles ils n’avaient pas droit… Enfin, bon. Donc, ça, je ne l’ai jamais fait, jamais, jamais, jamais. Je n’ai jamais obtempéré à ce genre de choses. On va dire que je résiste, plutôt que désobéir. Par exemple, on a eu des grèves d’agents d’entretien qui travaillent dans les restaurants auprès des jeunes enfants. Et on nous a demandé un moment d’être sur le terrain, à la place des agents en grève pour effectuer leur travail afin que les enfants soient accueillis malgré tout. À ce moment-là, on est un certain nombre à avoir dit que, ça, non, on ne le ferait pas.

RÉSUMÉ
Ils travaillent à Pôle emploi, à ERDF, dans des services médicaux, ils sont gardes forestiers… Ils s’appellent Dominique, Jocelyne, Loriane, Pierre… Parce qu’ils ne reconnaissent plus les valeurs pour lesquelles ils ont choisi leur métier, ils désobéissent. Plutôt que de quitter leurs postes, ils désobéissent… tous les jours.
Cette performance souhaite mettre en lumière ces justes du quotidien qui choisissent de respecter leurs valeurs au risque d’être mis à la porte. Les textes sont issus d’entretiens radiophoniques pour l’émission de France Culture Les pieds sur terre, retranscrits dans l’ouvrage du même nom. C’est une langue parlée (portée par Bastien Pelenc) qui se mêle ici à la musique avec pour ambition de faire entendre ces hommes et ces femmes et de rendre hommage à
leur résistance.

EXTRAIT DE LES PIEDS SUR TERRE DE SONIA KRONLUND
« Ceux qui ont écouté Les pieds sur terre, la demie-heure
quotidienne de documentaires que je produis sur France Culture connaissent ces histoires. Ce sont des histoires que personne n’aurait pu inventer, même avec l’imagination sociologique la plus fertile, des nouvelles du réel, des fictions documentaires, des récits du merveilleux quotidien. Je ne sais pas si elles sont vraies ou fausses, si elles expriment quelque chose de « profond » relativement à l’état présent de notre société, ou si elles sont purement anecdotiques. Tout ce que je sais, c’est qu’elles révèlent l’existence d’une parole différente, celle de personnes qu’on n’entend jamais vraiment, et dont j’ai aimé la profonde humanité, les contradictions, la force de résistance. Ce livre est un exercice d’admiration pour ceux qu’on a pas l’habitude d’admirer, un hommage à l’intelligence et au courage des gens simples que l’on dit ordinaires mais qui sont les personnes les plus surprenantes qui soient. »